Dès leur apparition, les fèves de cacao ont été utilisées par les habitants d’Amérique centrale comme monnaie d’échange et unité de calcul, cela déjà environ 1 000 ans av. J.-C ! Un Zontli était égal à 400 fèves, tandis que 8 000 fèves étaient égales à un Xiquipilli. Dans les hiéroglyphes mexicains, un panier contenant 8 000 fèves symbolisait le chiffre 8 000.
Des résidus de chocolat ont été découverts dans des poteries olmèques ce qui signifie que cette civilisation de l’ancien Mexique buvait déjà du chocolat il y a 2600 ans. On peut penser qu’ils ont domestiqué le cacaoyer qui a toujours été considéré comme l’arbre des dieux. Au Belize fut découvert un pot contenant des traces de cacao, ce qui prouve l’existence d’une consommation de chocolat dès le VIe siècle.
Les mayas ont également développé la culture du cacaoyer. Les graines de cacao avaient une valeur importante et auraient été utilisées pour faire du troc. La boisson obtenue avec ces graines était vraisemblablement utilisée à des fins thérapeutiques ou lors de certains rituels. Le livre de la Genèse Maya, le Popol Vuh, attribue la découverte du chocolat aux dieux. Cette boisson aurait été confectionnée lors de l’union naturelle du héros Hun Hunaphu avec une jeune fille de Xibalba, l’inframonde maya. Hun Hunaphu avait été décapité par les seigneurs de Xibalba. Sa tête fut ensuite pendue à un arbre mort qui donna miraculeusement des fruits en forme de calebasse appelés cabosses de cacao. La tête du héros cracha dans la main de la jeune fille, assurant ainsi sa fécondation magique. Depuis, le peuple maya se sert du chocolat comme préliminaires au mariage. Le cacao permettait aussi de purifier les jeunes enfants maya lors d’une cérémonie. De même, le défunt était accompagné de cacao pour son voyage vers l’au-delà.
C’est lors de la conquête du Mexique en 1519 que Hernan Cortés découvrit le breuvage chocolaté. La première introduction du chocolat en Europe se fait à la cour du roi Charles Quint au XVIe siècle. Dès le XVIIe siècle, le chocolat devient une ressource très appréciée de l’aristocratie et du clergé espagnol. Le chocolat s’étend alors dans les autres colonies espagnoles comme les Flandres et les Pays-Bas. En 1615, la France découvre le chocolat à Bayonne à l’occasion du mariage de l’infante espagnole Anne d’Autriche avec Louis XIII. Mais c’est Louis XIV et son épouse Marie-Thérèse d’Autriche qui font entrer le chocolat dans les habitudes de la cour du château de Versailles. Le chocolat est alors consommé chaud sous forme de boisson comme le café. Mais seule la cour du roi avait accès à cette boisson. Le peuple ne pouvait pas y accéder.
La consommation de chocolat se répand parmi les nobles et les riches. Il fallait avoir bu le fameux breuvage provenant d’Amérique. La marquise de Sévigné dit du chocolat, dans ses Lettres, qu’« il vous flatte pour un temps, et puis il vous allume tout d’un coup une fièvre continue ». Le chocolat restait l’apanage des plus riches, sauf dans de rares régions. Par exemple, dans le Sud-Ouest de la France (région de Bayonne), l’installation des marchands juifs chassés d’Espagne par l’inquisition permit une popularisation du produit et on retrouvait des chocolatières même dans des familles plus modestes.